OFM Edition 179, Article Nombre: 7
Introduction
La résistance aux antimicrobiens (RAM) est l'une des menaces les plus pressantes pour la santé publique dans le monde, avec des implications particulièrement graves pour l'Afrique, comme le souligne l'article Résistance aux antimicrobiens : Focus sur l'Afrique. À mesure que les agents pathogènes évoluent et deviennent résistants aux traitements existants, les infections deviennent plus difficiles à gérer, ce qui entraîne une augmentation de la propagation des maladies, des maladies graves et de la mortalité. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que la résistance aux antimicrobiens est responsable de 1,27 million de décès par an, les pays à revenu faible ou intermédiaire étant les plus touchés. L'Afrique subsaharienne (ASS), en particulier, a connu le taux de mortalité le plus élevé dû à la RAM et continue de lutter contre des problèmes tels que la mauvaise surveillance de la RAM, l'utilisation irrationnelle d'antibiotiques et la faiblesse des systèmes de réglementation.
Cet article est basé sur les conclusions du webinaire régional de la CiSPHA intitulé «The Last Mile towards the HLM on AMR : CSOs Consultation on the Challenges and Advocacy Opportunities» (La dernière ligne droite vers la réunion de haut niveau sur la résistance aux antimicrobiens : consultation des OSC sur les défis et les possibilités de plaidoyer). L'événement visait à informer et à engager les organisations de la société civile (OSC) sur les développements actuels de la RAM, à présenter des recommandations clés pour l'action et à partager des idées sur la prochaine réunion de haut niveau (HLM) sur la RAM lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations Unies (AGNU 79) en septembre 2024.
La menace croissante de la RAM en Afrique
La résistance aux antimicrobiens en Afrique est une crise multidimensionnelle qui touche toutes les couches de la société. Comme l'ont souligné les intervenants lors du webinaire régional de la CiSPHA, la RAM pourrait réduire considérablement l'espérance de vie sur le continent d'ici 2035 et submerger des systèmes de santé déjà fragiles. L'Afrique subsaharienne a été particulièrement touchée, avec les taux de mortalité les plus élevés au monde dus à la RAM, en raison de facteurs tels que l'insuffisance des infrastructures de soins de santé, le mauvais usage généralisé des antibiotiques et la prévalence de médicaments de qualité inférieure.
L'approche «une seule santé» : Intégrer la santé humaine, animale et environnementale
L'une des principales stratégies discutées lors du webinaire était la mise en œuvre d'une approche «Une seule santé», qui intègre les secteurs de la santé humaine, de la santé animale et de la santé environnementale. La nature interconnectée de ces domaines signifie que la résistance aux antimicrobiens dans un domaine peut rapidement se propager à d'autres. Par exemple, l'utilisation d'antibiotiques dans le bétail peut conduire à l'apparition de bactéries résistantes susceptibles d'être transmises à l'homme par la chaîne alimentaire ou par contact direct.
L'approche «Une seule santé» est essentielle pour s'attaquer à la résistance aux antimicrobiens à la racine, en particulier en Afrique, où l'agriculture joue un rôle important dans l'économie et utilise un grand nombre d'antibiotiques. Le webinaire a mis en évidence la nécessité d'une collaboration intersectorielle plus étroite pour réduire l'utilisation abusive des antibiotiques en médecine humaine et en agriculture, notamment en promouvant de meilleures pratiques de prévention et de contrôle des infections (PCI).
Renforcement des capacités de surveillance et de laboratoire
Des données précises et opportunes sont essentielles pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens, mais de nombreux pays africains sont confrontés à des défis importants dans ce domaine en raison d'une infrastructure de laboratoire et d'un personnel qualifié limités. En l'absence de systèmes de surveillance solides, il est difficile de suivre la propagation des infections résistantes, de comprendre l'épidémiologie locale et d'élaborer des lignes directrices efficaces en matière de traitement.
Au cours du webinaire, les participants ont souligné l'importance d'investir dans les capacités de laboratoire sur l'ensemble du continent. Il s'agit non seulement de construire de nouveaux laboratoires, mais aussi de moderniser ceux qui existent déjà, de former le personnel de santé à la microbiologie et à la bactériologie, et d'intégrer la surveillance de la résistance aux antimicrobiens dans les systèmes de santé nationaux. L'amélioration des capacités de laboratoire permettra aux pays de détecter plus efficacement les schémas de résistance et de prescrire des traitements appropriés, ralentissant ainsi la propagation des infections résistantes.
Le rôle de la société civile dans le plaidoyer et l'action en faveur de la RAM
Les organisations de la société civile (OSC) sont essentielles dans la lutte contre la RAM. Elles servent de pont entre les communautés et les décideurs politiques, en plaidant pour la mise en œuvre des plans d'action nationaux (PAN) et en veillant à ce que les voix des populations les plus vulnérables soient entendues. Cependant, les OSC en Afrique sont souvent confrontées à des défis importants, notamment un financement limité, des efforts fragmentés et un manque de coordination entre les différents groupes.
Pour relever ces défis, le webinaire a appelé à une plus grande collaboration entre les OSC du continent. En travaillant ensemble, les OSC peuvent amplifier leurs efforts de plaidoyer, partager leurs ressources et développer des stratégies unifiées pour s'engager avec les gouvernements et les partenaires internationaux. Cela est particulièrement important pour faire pression en faveur de la priorisation de la RAM dans les programmes de santé nationaux et pour obtenir les engagements politiques et financiers nécessaires à une action efficace.
Garantir l'accès à des médicaments de qualité et abordables
L'une des principales causes de la résistance aux antimicrobiens en Afrique est la disponibilité généralisée de médicaments de qualité inférieure ou falsifiés. Non seulement ces médicaments de mauvaise qualité ne permettent pas de traiter efficacement les infections, mais ils contribuent également au développement de la résistance. Le problème est particulièrement aigu dans les régions où les cadres réglementaires sont faibles et où les médicaments contrefaits peuvent facilement entrer sur le marché.
Les participants au webinaire ont souligné la nécessité de renforcer la surveillance réglementaire afin de garantir que seuls les médicaments dont la qualité est assurée sont mis à la disposition du public. Il s'agit notamment de renforcer les autorités réglementaires nationales, d'améliorer la surveillance post-commercialisation et de réprimer le commerce illégal de médicaments contrefaits. En outre, il est nécessaire de soutenir la production pharmaceutique locale afin de réduire la dépendance à l'égard des médicaments importés, qui sont souvent plus chers et plus difficiles à réglementer.
Traiter l'impact économique de la RAM
L'impact économique de la résistance aux antimicrobiens est considérable, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire où les systèmes de santé sont déjà mis à rude épreuve. La perte de productivité due à la maladie et aux décès, combinée à l'augmentation du coût du traitement des infections résistantes, peut avoir un effet dévastateur sur les économies nationales. Le webinaire a mis en évidence la nécessité pour les pays de reconnaître que la résistance aux antimicrobiens n'est pas seulement un problème de santé, mais aussi un problème économique qui nécessite une attention urgente.
Investir dans la prévention et le contrôle de la RAM peut produire des avantages économiques significatifs en réduisant les coûts des soins de santé et en améliorant la productivité. Par exemple, l'amélioration des mesures de prévention et de contrôle des infections dans les établissements de santé peut réduire l'incidence des infections nosocomiales, qui sont souvent plus difficiles et plus coûteuses à traiter. De même, la promotion de l'utilisation rationnelle des antibiotiques peut réduire le développement de la résistance, préservant ainsi l'efficacité des médicaments existants et évitant le recours à des traitements plus coûteux.
Coopération internationale et mobilisation des ressources
La lutte contre la résistance aux antimicrobiens nécessite une réponse mondiale, avec une coopération internationale forte et une mobilisation des ressources. La prochaine réunion de haut niveau des Nations unies sur la résistance aux antimicrobiens, qui se tiendra lors de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies (AGNU), offre aux pays africains une occasion unique d'obtenir les engagements politiques et financiers nécessaires pour s'attaquer efficacement à ce problème. L'alignement des efforts nationaux sur les initiatives mondiales, telles que celles examinées dans le cadre de la plateforme de partenariat multipartite sur la résistance aux antimicrobiens, peut renforcer l'impact des interventions et garantir que les besoins spécifiques de l'Afrique sont pris en compte.
Les participants au webinaire ont souligné l'importance de s'engager avec des partenaires internationaux pour partager les meilleures pratiques, mobiliser des ressources et veiller à ce que les voix africaines soient entendues dans les discussions mondiales sur la résistance aux antimicrobiens. Il s'agit notamment de plaider en faveur d'un financement accru de la part des pays à revenu élevé et d'explorer des mécanismes de financement novateurs pour soutenir les initiatives de lutte contre la résistance aux antimicrobiens en Afrique.
La voie à suivre : recommandations d'action
Les discussions qui ont eu lieu lors du webinaire ont débouché sur plusieurs recommandations clés pour lutter contre la résistance aux antimicrobiens en Afrique :
Conclusion : Un appel à l'action collective
La lutte contre la RAM en Afrique est une responsabilité collective qui exige des efforts coordonnés de la part de tous les secteurs de la société. De la mise en œuvre de l'approche «Une seule santé» au renforcement de la surveillance, en passant par la garantie de l'accès à des médicaments de qualité et le plaidoyer en faveur d'un soutien international, il y a beaucoup à faire. Comme l'a souligné le webinaire régional de la CiSPHA, la société civile, les gouvernements et les partenaires internationaux doivent s'unir pour lutter contre cette menace croissante avant qu'elle ne compromette la santé et la prospérité des générations futures. Alors que le monde se prépare à la prochaine réunion de haut niveau des Nations unies sur la résistance aux antimicrobiens, il est essentiel que les nations africaines, les organisations de la société civile et les partenaires internationaux saisissent cette occasion pour réaliser des progrès significatifs dans la lutte contre cette pandémie silencieuse.
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Article Number: 1
2025-03-03
Article Number: 2
2025-03-01
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